Exposition LA FORET DES ESPRITS //

Commissariat Pauline Lisowski //

Du 14 au 30 Septembre 2018 //
Vernissage vendredi 14 Septembre de 18h à 22h //

Laurent Debraux, Marie Denis, Luc Doerflinger, Hélène Muheim,
Chloé Poizat, François Réau
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exposition Pendant que les champs brûlent

© Hélène Muheim

 

 

« Dans les religions, les mythologies et les littératures occidentales, la forêt se présente comme un lieu qui brouille les oppositions logiques, les catégories subjectives. Un lieu où les perceptions se confondent, révélant certaines dimensions cachées du temps et de la conscience. En forêt, l’inanimé peut soudain s’animer, le dieu se change en bête, le hors-la-loi défend la justice, Rosalinde apparaît en garçon, le vertueux chevalier est ravalé à l’état d’homme sauvage, la ligne droite forme un cercle, le familier cède la place au fabuleux », écrit Robert Harrison dans Forêts.
La forêt inspire de nombreux récits et contes… qui traversent le temps et les espaces. Ces histoires et ces images de ce paysage, circulent et participent du patrimoine d’un territoire...
Qui n’a pas rêvé de visiter Brocéliande, cette forêt de légendes ?
La forêt est le lieu de promenade, de vagabondage, de jeu, de retour à l’insouciance de l’enfance. Espace de loisirs, de plaisirs, de connaissances et de rêves, elle inspire à la découverte toujours plus grande de ses secrets. Elle est un espace à la fois de rencontres et de tensions, où se mêlent les usages, les croyances, l’esprit de liberté et l’interdit.
Serait-ce un lieu où le contact avec la nature, dite encore sauvage, reste tout de même possible ?
Quelle expérience esthétique procure une promenade en forêt ? Celle d’une rencontre avec la nature, un basculement incessant entre le bonheur de se laisser porter par des sons, une lumière, une apparition animale parfois fantomatique, et l’inquiétude de s’y perdre, de s’y faire dévorer.
La forêt est un motif qui a depuis longtemps inspiré les artistes, notamment les peintres romantiques du XIXe siècle qui en ont transmis une vision fantasmagorique. De même, une attention à la forêt resurgit avec un besoin de merveilleux, de magie et de rêve. Les artistes poursuivent cette envie de nature en proposant leur regard sur ce paysage de contes, de récits et de mythes.
Cette exposition interroge les multiples relations de l’individu à cet environnement ambigu, où tout peut basculer à tout moment.
Les œuvres proposent chacune une traversée, ouvrent une porte à travers ce territoire de nos peurs et de nos joies.

 

Cygnes Rorschach de Luc Doerflinger montre des cygnes, apparitions fantomatiques, dans une étendue noire. Cette peinture rappelle ces visions qu’on peut avoir en forêt. La forêt est ici motif pour convoquer les dualités animalité / humanité, enchantement / désenchantement, réalité / fantômes. Cette œuvre est à la fois surface de projection et de réflexion, tout comme la forêt est le lieu où l’individu peut prendre le temps de se connaître, de grandir et d’apprivoiser ses peurs.
Les dessins, diptyque, The glint of the darkness d’Hélène Muheim rappellent ces forêts mystérieuses, où à la fois s’aventurer, se perdre et s’émerveiller. Images de lieux traversés qui marquent notre vie, peaux de paysage, ils offrent un territoire infini à explorer. On s’y plonge comme s’y on recherchait nos racines, un terreau, un souvenir oublié. La forêt est ici le lieu, où tout peut advenir, où l’animal et le végétal peuvent être gardiens, guides, protecteurs.
L’installation de François Réau suggère une brèche, une ouverture. Elle se situe dans un entre deux, entre fascination et inquiétude. Telle une porte vers un ailleurs, un dessin révèle une lumière qui passe à travers les feuilles. Au sol, en équilibre contre le mur, une sculpture bâton, en bois d’eucalyptus, entre le bâton de marche et le bâton de pèlerin est recouverte d’une forme qui la dévore ou la nourrit, être étrange ou légendaire. Cette œuvre in situ invite à s’imaginer aller toujours plus loin, à franchir les dangers tout comme redécouvrir un autre monde après un cheminement dans l’obscurité.

Chloé Poizat a composé une forêt peuplée d’êtres étranges, à la fois animal, végétal, humain, formes en lévitation, suspendues, fantômes, esprits. Le dessin devient matière. Des formes se délitent, des images troublantes, du sol vers les airs créent un micro-monde entre-deux, en suspens. Cette installation propose un récit d'un milieu où la nature se recompose, résistante et fragile, en transformation. Ce micro-paysage rappelle des images de contes où les éléments, animal, végétal, humain se confondent, à la fois bienveillants et terrifiants.
Au centre, Microcosmos de Laurent Debraux invite le spectateur à regarder dans les viseurs d’un microscope un morceau de mousse séchée. Mise en mouvement, cette matière naturelle livre ses secrets. Cette œuvre propose de porter notre attention aux petits riens de la nature qu’on a tendance à ne plus regarder.
Marie Denis tisse des liens entre le végétal et les matières. Profondeurs, simplicité et imagination sont à l’œuvre. Elle présente ici une composition au miroir où le végétal est sculptural : magie des matières métamorphosées issues d’une nature intranquille. Son gout du paradoxe offre des interprétations à tiroirs dans « cette forêt collective ».

Ainsi, au fil du parcours se découvre une forêt, cette terre riche en surprises, où chaque pas peut amener vers un moment où la réalité se trouble parfois. Comme l’enfant qui se perd dans la forêt retrouve son chemin, ici cette exposition propose un voyage initiatique, un appel à la nature et aux éléments qui restent ancrés dans notre inconscient collectif.

Pauline Lisowski

Robert Harrison, Forêts : Essai sur l'imaginaire occidental, Flammarion, 2010, p. 10

 


 

 

 

Laurent Debraux
http://www.laurentdebraux.com/

 

 

 
 

Microcosmos,
Microscope, Mousse, Moteur électrique,
2016,
50x50x40 cm

   
 

Depuis sa toute première réalisation, « Ué wo muité aruko / l'aile » exposée aux Arts Décoratifs de Paris en 2011, Laurent Debraux travaille sur la transmission des émotions par le mouvement.
Laurent Debraux a vu son travail exposé dans différents évènements d'art contemporain majeurs liés à la sculpture cinétique. Ses oeuvres ont ainsi côtoyé celles de Vasarely, Soto, Le Parc, Agam, Tinguely… Il a exposé à Londres au Kinetica Art Fair, à l'exposition Mouvement et Lumière au Centre d'Art Contemporain Franck Popper à Marcigny. Au PAD Paris Art and Design, ainsi qu'au Musée en Herbe en collaboration avec la Fondation Vasarely. Il expose durant toute l'année 2018 au Musée Phaeno en Allemagne.

   
 
   
 

Marie Denis
https://mariedenis.com/

   
 

 

'Herbier de Curiosités',
installation de Marie Denis pour le Domaine de Chaumont-sur-Loire,
2017
© Eric Sander

   
 

La nature est la “substance nourricière” de Marie Denis qui recourt à de multiples techniques de création : tressages, assemblages, sculptures, transformant le végétal n’ont aucun secret pour cette artiste : palmiers, branchages et feuillages divers qu’elle réinvente et sublime avec une grande délicatesse.

Marie Denis collectionne avec passion des objets inédits et divers, mêlant avec subtilité le naturel et l’artificiel et recourt à des associations libres d’images et de pensées autour de l’idée de nature, avec des herbiers fantastiques ou des “patiences”.

Marie Denis dialogue en permanence avec les formes de la nature. Elle égrène ses herbiers et ses “sculptures de curiosités” dans un dialogue revendiqué avec le patrimoine. 

Marie Denis revisite sans cesse son travail, par les formats et cisèlements de matières. "Sampler" ses variations d’herbiers, pour préciser toujours plus loin ses prédilections de Nature et de Cabinet de Curiosités. Pour l’Asinerie du Domaine de Chaumont-sur-Loire, l’artiste déploie un ensemble végétal audacieux. Des formes naturalistes, séquencées de bois brut, de patines de laiton, d’or pâle, de noir graphite au blanc de faïence. La subjectivité de ses recherches questionne :

- L’herbier

- Le Cabinet de curiosités

- La nature morte.

Un univers chromatique qui kaléidoscope l’idée de nature, sa beauté et sa fragilité.

 

   
 
   
 

Luc Doerflinger
https://luc.doerflinger.fr/

   
 
 

Magique Normal,
2016,
fusain et pierre noire sur toile libre encadrée,
223 x 273 cm,
installation à la galerie Modulab, Metz

   
 

Luc Doerflinger est né à Strasbourg en 1966. Après une maitrise en arts plastiques à l'université de Strasbourg et un D.N.S.E.P à l'Ecole nationale d'art de Cergy en 1991, il s'installe à Nancy, dans l'est de la France, où il vit et travaille.
En parallèle à son activité d'artiste il a enseigné à l'Ecole supérieure d'art de Lorraine, Metz (2007 – 2012) puis intégré l'Ecole nationale d'art et de design de Nancy où il coordonne les ateliers "Images imprimées".
Son travail est représenté par la galerie Maeght (Paris, Barcelone, San Francisco) ainsi que par la galerie Modulab, Metz. Il a récemment exposé au Musée des Arts Décoratifs à Paris dans le cadre de l'exposition "Le contemporain dessiné" et participé à diverses expositions collectives à San Francisco avec la Jules Maeght Gallery.
Ses travaux de dessin ont été montré sur les salons Drawing Now Paris et Luxembourg Art Week par la galerie Modulab en 2016, 2017 et 2018. Le centre d'art contemporain de Istres lui a consacré une exposition personnelle en 2017.

   
 
   
 

Hélène Muheim
http://www.helene-muheim.fr/

   
 
 

The glint of the darkness,
2018
70 x 100 cm
poudre de graphite, encres et ombres à paupières sur papier

   
 

Hélène Muheim vit et travaille à Montreuil, en France. Franco-suisse, elle passe son enfance entre les montagnes suisses et le Lubéron, à l'Abbaye de Sénanque, monastère cistercien et pôle culturel, où des artistes plasticiens, des musiciens, des sociologues ou encore des théologiens ont croisé son chemin et probablement influencé son parcours. Rapidement, après les Beaux-Arts, elle expose ses peintures, conçoit des installations in-situ, et simultanément, fascinée par les nouveaux médias, elle crée vosdesirs.org, un espace pour ne rien faire, terrain d'expériences graphiques et poétiques.

C'est par ce tracé numérique qu'elle retrouve le plaisir originel du dessin. Elle y consacre dorénavant toutes ses recherches, attirée par cette fragilité et ce début à tout. Ayant eu très tôt le privilège de «regarder des bouts du monde par-delà les nuages, d'en percevoir l'immensité, et l'évidente précarité de nos êtres», Hélène Muheim est allée voir plus loin. De ses voyages solitaires elle apprend du paysage à re-penser notre rapport au monde et à l'image.

Elle expose son travail dans des galeries à Paris, dans des centres d'art, à Rennes, au Havre; participe régulièrement au Salon du dessin contemporain, Drawing Now - expositions personnelles et collectives - et travaille actuellement sur divers projets d'expositions institutionnels (Paris, Birmimgham, Corée du Sud).

   
 
   
 

Chloé Poizat
http://www.chloepoizat.com/

   
 
 

Dans la nuit, (série)
2018
Fusain sur papier, 50 x 65 cm

   
 

Mon travail se déploie autour de la fiction, du lien particulier que j'entretiens avec la littérature, le cinéma (de genre) et la photographie.

Au coeur de mes sources artistiques il y a aussi et parmi d'autres, les pratiques créatrices spontanées, l'écriture et le dessin automatique et spirite, l'art brut et les arts populaires, le vodou, les chants et les danses rituelles… Le collage ou l'assemblage, sans frontières de médiums, est pour ma pratique un langage primitif sans cesse réactivé, me permettant de transfigurer des fragments et de les faire dialoguer sous forme de narrations parcellaires où, ponctuées de grotesque, l'étrange, l'énigme et la peur prédominent. La disparition des êtres, des choses et des lieux, l'imperceptible, l'idée de passage d'un état à un autre, de ce qui persiste ou non, l'illusion et la métamorphose, sont les thèmes fondateurs de mon travail.

En parallèle je crée depuis plus de 20 ans des images pour la presse française et internationale (Le Monde, Libération, The New-York Times, The New Yorker, La Stampa), mais aussi pour d'autres supports.

   
 
   
 

François Réau
http://www.francoisreau.com/

   
 
 

Eclipse,
Mine de plomb et graphite sur papier,
210 x 228 cm
Pièces métalliques et rouille.
Dimensions variables.

   
 

Artiste pluridisciplinaire, le travail de François Réau s'articule principalement autour du dessin et de l'installation dont les dernières oeuvres ont été présentées dans le cadre de Lille3000, Mons 2015 Capitale Européenne de la Culture ou encore au Musée d'art de Toulon et de Menton.

Son oeuvre soulève le principe de l'apparition et de la disparition de la figure et des motifs, au coeur même des matériaux. Finaliste du Prix « Talents Contemporains » de la Fondation François Schneider à Wattwiller en 2015 et 2016, il a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles et collectives en France et à l'étranger (Londres, Bruxelles, Milan ou Pékin).

Il vient de présenter une de ses dernières installations au Palais de Tokyo à Paris en 2016 et vient de terminer une résidence de recherche et de création de 6 semaines avec l'Ambassade de France en Australie fin 2017 où il expose ses derniers travaux à Melbourne actuellement.