Exposition HORS SUJET //
Biennale de l'Image Tangible //

Du 1er au 17 novembre 2019 //
Vernissage vendredi 1er novembre de 18h à 22h //

Matthieu Boucherit
, Caroline Delieutraz, Juliette-Andréa Elie, Laure Tiberghien
//

exposition Amours

 

Juliette Andréa Elie - « I set my traps in the middle of dreams », 2018

En parallèle de l’après-midi de rencontres et discussions du 2 novembre 2019 organisée à la médiathèque Marguerite Duras (Paris 20e), la Biennale de l’Image Tangible propose une exposition autour des nouvelles pratiques photographiques. Plus précisément autour de l’altération et de la disparition du sujet que la photographie est traditionnellement censée représenter. En effet, à travers les œuvres de quatre artistes (Matthieu Boucherit, Caroline Delieutraz, Juliette-Andréa Elie, Laure Tiberghien), « Hors sujet » nous montre comment le référent photographique peut se trouver gommé, transformé, décontextualisé – voire être carrément absent de l’image, au lieu d’en être l’habituel centre d’intérêt.

A travers un large spectre, allant du photoreportage argentique, à la photographie retravaillée manuellement, en passant par les images d’archives Internet, le photogramme ou l’expérimentation chimique, les artistes de « Hors sujet » remettent en question le statut de la photographie comme procédé dont la fonction première serait de révéler la réalité. Car loin d’en être le miroir fidèle, la photographie peut aussi bien masquer, altérer ou transfigurer le réel.

Ainsi, Matthieu Boucherit efface numériquement les sujets de photographies de presse et ne laisse la place, sur l’image, qu’à l’accessoire ou au contexte. Ces images évidées interrogent la trace (ou l’absence d’impact) que laisse toute information dans la mémoire collective. Présentées dans des cadres Ikea, ces « photos-choc » diffusées par les mass-médias font état d'une violence domestiquée, qui orne notre quotidien – bien loin d’éveiller la conscience des spectateurs…

D’ailleurs, Internet et son flux continu d’images poussent Caroline Delieutraz à matérialiser ce corps virtuel en un puzzle bien réel, dont les multiples strates soulignent la complexité des sources et des origines des images circulant sur la Toile. Tels un sédiment déposé par les flots, ces images consultables et téléchargeables en ligne semblent s’accumuler jusqu’à finir par se confondre et disparaître dans leur unicité pour recomposer la célèbre vague d’Hokusai.

Aux origines, justement, Laure Tiberghien y revient par un travail ancré au cœur de la lumière et de l’émulsion photographique. Ses photogrammes sans sujet, nés du hasard et de l’expérimentation, renouent avec l’étymologie de la photographie entendue comme pure « écriture lumineuse » produite sans appareil. La photographie s’affirme ici comme un acte de création réalisé à coups de filtres et d’interventions guidées par le geste de l’artiste.

Œuvres uniques s’opposant au caractère mécanique de la reproduction photographique, les tirages engoncés et grattés à la pointe sèche de Juliette-Andréa Elie créent des paysages oniriques, où se superposent papiers calque, papiers colorés et pliés. Ces images retouchées manuellement nous invitent à la contemplation et ouvrent un nouveau rapport au temps, face à la vitesse de diffusion accrue des images.

A l’instar du Noyé d’Hippolyte Bayard, un autoportrait datant de 1840 où le photographe met en scène sa propre disparition, la photographie demeure un outil ouvert à l’expérimentation qui peut se prendre lui-même comme objet – au lieu de se penser comme un enregistrement véridique de « ce qui a été ». Une image n’a donc plus forcément vocation à représenter fidèlement un sujet, et peut tout aussi bien réfléchir sur ses propres modalités de production. A travers « Hors sujet », la confection d’œuvres uniques, le travail sur le support et la matérialité de la photo, ou une critique de la pérennité des images, apparaissent comme autant de pistes ouvertes sur le devenir de la photographie.


François Salmeron et Dominique Clerc

Edito – BIT20 Paris

Lors d’un mois d’expositions et d’événements situés dans le 20e arrondissement de Paris, la Biennale de l’Image Tangible présente une sélection d’œuvres qui tendent à s’émanciper d’un usage classique du médium photographique.
Que ce soit à la recherche de nouveaux supports, de techniques hybrides ou d’un nouveau rapport à la réalité, cet événement tend à démontrer que la photographie ne cesse jamais d’inventer. En cela, la Biennale de l’Image Tangible accompagne l’émergence de nouveaux langages et de nouvelles pratiques liés à la photographie : une photographie qui bouscule les hypothèses du réel, une photographie qui change de nature, de forme et de postulat, et qui participe ainsi à un élargissement du champ de sa discipline.
Un an après le lancement de son festival photographique, la Biennale de l’Image Tangible a le plaisir de vous inviter à :

« Hors-Sujet », une exposition réunissant les œuvres de Matthieu Boucherit, Caroline Delieutraz, Juliette-Andréa Elie et Laure Tiberghien, autour de la thématique de l’altération et de la disparition du sujet photographique, à Plateforme du 1er au 17 Novembre 2019.

Une après-midi de rencontres-discussions autour des nouvelles pratiques photographiques, de l’histoire de la photographie expérimentale et de l’avènement des nouveaux outils numériques, organisée le samedi 2 novembre de 14h à 17h30 à la Médiathèque Marguerite Duras.
La seconde édition de la Biennale de l’Image Tangible concentrera son calendrier sur le mois de novembre 2020. Elle conserve son ancrage dans le 20e arrondissement, suivant l’idée déjà plébiscitée par le public de dessiner un parcours artistique dans l’Est parisien. Sa programmation s’articule autour d’une exposition curatée par les organisateurs de la Biennale, et d’une dizaine d’expositions réunissant les artistes lauréats de l’appel à projet (février – mai 2020), sélectionnés par un jury de professionnels du monde de l’art, de l’image et de la photo.

www.bit20.paris

 


 

 

 

Matthieu Boucherit
LONGTEMPS J'AI PRIS LEURS PLUMES POUR UNE EPEE (2008-2019)

 

 

 
 

Longtemps j'ai pris leurs plumes pour une épée (2008-2019)
Version contextuelle,
étagères, cadres, impressions laser sur papier satiné.

Mur d’étagères comprenant des cadres décoratifs IKEA dans lesquels ont été placées des photographies plus ou moins connues de photojournalistes, dont les sujets principaux ont été effacés.

   
 

Né en 1986 à Cholet, il vit et travaille à Paris.
Représenté par la Galerie Valérie Delaunay, Paris.
Il est diplômé en communication visuelle à Nantes et d’un Master en arts plastiques à l’université de Toulouse 2, Jean Jaures. Matthieu Boucherit est soutenu par la Fondation Estelle et Hervé Francès ainsi que la Fondation Emerige, et a reçu le prix de l’engagement sur la YIA ArtFair #07. Il a participé à différentes expositions en France et à l’étranger, notamment "Latence" lors de laquelle il représente la France pour l'année Franco-Russe au centre Croix Baragnon, à Toulouse, "Et Après?" au centre d'art contemporain "La Fabrique" Toulouse, « Politique 2 » et « A3JEL, en Temps Réel, Talan », à Tunis, "Newwwar, it's just a game? à la fondation de Barthélémy Toguo à Bandjoun au Cameroun ainsi que «Voir / montrer la guerre, aujourd’hui» à Montpellier.

https://www.matthieu-boucherit.com/

   
   
 
   
 

Caroline Delieutraz
Les Vagues (2015

   
 

 

Puzzle, bois, 41,5 x 29 x 1,8 cm
Réalisée dans les ateliers Puzzle Michèle Wilson

Les Vagues est composée de sept épaisseurs de puzzles superposés. Les pièces manquantes dévoilent les couches inférieures créant un collage en volume. Chaque strate qui compose la sculpture représente une image de vague ou de tourbillon : chefs d’œuvre de l’histoire de l’art et photographies de banques d’images s’entremêlent. Les différents mouvements de l’eau s’assemblent en une seule et même représentation, confuse et fragmentaire.

   
 

Vit et travaille à Paris.
Représentée par la galerie 22,48 m²
Caroline Delieutraz use de matériaux présents en abondance dans notre société de l’information : les images et autres données qui, sans état d’âme, circulent dans le flux des réseaux électroniques mondiaux. L’origine de ces données, leurs conditions d’apparition dans l’espace public – Internet compris –, leur exploitation, leurs transformations et réutilisations successives, leur mort et leur renaissance sont au centre de son travail. Au quotidien, Caroline Delieutraz collecte toutes sortes de matériaux disponibles sur la toile, pour les manipuler et occuper, à sa manière, ce monde volatile en perpétuel mouvement. Si elle perpétue ce qui pourrait s’apparenter à l’effacement de l’ « original », notion toute relative dans le monde du copié-collé, il ne s’agit pas non plus de nier l’origine des données et le travail fait par d’autres. Au contraire, la provenance directe des images fait partie intégrante, signifiante, de l’œuvre. Extrayant les informations des dispositifs dans lesquels elle les trouve, Caroline Delieutraz crée des déplacements et des reconfigurations qui visent à remettre en cause l’autorité de ces images, devenues si familières qu’elles s’imposent à nous comme des évidences. Au sein d’une démarche qui saute sans arrêt du monde dit « virtuel » au monde dit « réel », les diverses formes du travail de Caroline Delieutraz apparaissent comme autant de véhicules, numériques et analogiques, de ces éléments mystérieusement hybrides que sont les données.
Géraldine Miquelot, commissaire d’exposition.

https://www.delieutraz.net

   
   
 
   
 

Juliette-Andréa Elie
J’ai bu l’éclair (2019

   
 
 

40x50cm,
gaufrage sur impression pigmentaire photographique et papier doré,
2019

   
 

Née en 1985, Juliette-Andréa Elie vit entre le Brésil et la France.
Diplômée de l'E.S.B.A.N.M à Nantes (2010) et de la Concordia University à Montreal. Lauréate du Fotoprize 2015 et finaliste du Prix de l'Audace Artistique (Ministères de la Culture et de l'Education) en 2014, elle fut résidente de la Cité Internationale des Arts en 2015.  Son travail est présenté lors d'expositions personnelles : Galerie Baudoin Lebon (Paris, 2016), Scène Nationale 61 (Alençon, 2014), et collectives : Circulations, Festival de la jeune photographie européenne au CENTQUATRE-PARIS, Lunes Révolues, (hors les murs Palais de Tokyo et Cité des Arts, 2015), « A distance convenable » (Under Construction gallery, 2015), « Inconnaissance » (6B, Saint-Denis).  Son travail fut présenté dernièrement dans plusieurs foires, comme à la SP-Foto de São Paulo (2016), à l'AIPAD de New-York (2016), à la YIA Art Fair (Paris, 2015).
Juliette-Andréa Elie a fait l'objet de plusieurs publications dans la presse écrite (Art Press, Le Monde, Le Figaro, L'Humanité) et d'interviews à la radio (France Culture, Les carnets de la Création).
Elle est représentée par la galerie Baudoin Lebon à Paris et par la galerie Maria Baró à São Paulo.

https://julietteandreaelie.com

 

   
   
 
   
 

Laure Tiberghien
Sans titre n°3

   
 
 

Analog C-Print, unique,
30 x 40 cm,

   
 

Née en 1992.Vit à Paris et travaille sur l’île Saint Denis.
Diplômée des Beaux-Arts de Paris.

Le travail de Laure Tiberghien s’inscrit dans un courant d’expérimentation que l’on peut faire remonter au début de l’histoire de la photographie mais il ne procède en rien d’une quelconque fascination technologique. L’image obtenue sans appareil, par la conjugaison de la chimie, de la lumière et du temps, est un révélateur du monde matériel, mettant ici en lumière l’épiderme des choses, non leur peau visible mais leur surface sensible. Avec ses images, Laure Tiberghien capte les transformations du visible dont elle nous donne à comprendre le mouvement et les altérations. Chacune de ses pièces est l’objet d’une savante composition où les couleurs sont agencées après avoir été auparavant testées et disposées comme sur une palette pour obtenir les rapports de tons souhaités. Toutes ces opérations qui mènent à des pièces forcément uniques, supposent un long travail en chambre noire, l’usage de filtres et la mise en place de dispositifs qui n’ont rien de mécanique et permettent d’obtenir une image maîtrisée tout en laissant la place à l’accident et au hasard.

Gilles A. Tiberghien

http://lauretiberghien.com/