Exposition évènement SOCIETE DE SERVICE //
Émilie Brout & Maxime Marion, Caroline Delieutraz, Pascal Dombis, Benjamin Gaulon, Carine Klonowski, Nicolas Maigret, Yann Toma //
Curateur Dominique Moulon //

Exposition du 01 au 24 avril 2016 //
Vernissage le vendredi 01 avril de 18h à 22h //

exposition Nêtre

 

 

Il est des services, à l’ère de leurs croissances exponentielles, qui participent activement à façonner cette société devenue nôtre. S’approchant « d’un coût marginal zéro », ils sont au centre de ce que l’essayiste américain Jeremy Rifkin nomme la Troisième Révolution industrielle.
Quand il n’est plus une semaine sans que l’un d’entre eux fasse l’actualité sociale et politique ici ou ailleurs. Or le monde de l’art n’est pas étranger à cette croissance des services puisqu’il est des artistes pour s’en inspirer en proposant des objets aux allures de produits. L’Internet, inévitablement, regorge d’offres que ces mêmes artistes détournent ou utilisent comme on utilisait autrefois des outils ou techniques. A ceci près qu’ils en font aussi la critique.
A la croisée des services que l’on nous offre ou plutôt que l’on nous impose et sans omettre ceux de l’obscur - comprenons du dark web - se cristallisent donc des pratiques artistiques qui ne sont pas sans évoquer celles, plus pop, des années soixante car documentant déjà la société en lui empruntant ses codes ou langages.
Mais le monde a changé, ô combien ces dernières décennies, et les œuvres d’aujourd’hui sont à la mesure des bouleversements sociétaux que l’Internet n’a fait qu’initier en les rendant possibles. Il y a, chez l’essentiel de ces mêmes artistes, un désir commun de capturer ce qui s’inscrit d’ordinaire dans les flux. Ce faisant, ils nous donnent l’occasion d’en contempler les résonances, au-delà des écosystèmes des data pour les “penser” ailleurs et autrement.

 

A propos de : Dominique Moulon

http://www.mediaartdesign.net
Critique d'art et curateur indépendant, Dominique Moulon est membre de l'Observatoire des Mondes Numériques en Sciences Humaines (OMNSH), de l'Association International des Critiques d'Art (AICA) et du Prix Opline pour l'art contemporain en ligne. Fondateur du site MediaArtDesign.net et initiateur du MoocDigitalMedia.paris, il écrit des articles pour Art Press et Digital MCD. Directeur Artistique de la media art fair Variation, il enseigne les médias digitaux à l’EPSAA, l’ECV et la Parsons Paris. Il a aussi été invité à plusieurs reprises par le Fresnoy et la School of the Art Institute de Chicago (SAIC). Auteur des ouvrages Art Contemporain Nouveaux Médias et Art et Numérique en Résonance, il poursuit des recherches au sein du laboratoire Art & Flux du CNRS et de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.

Conférence : Art, numérique et Société
Modérée par : Aurélie Herbet
Aurélie Herbet est docteur en arts plastiques ( de l’Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne), enseignante (chargée de TD à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, à l’Université Paris 8 Vincenne Saint-Denis, enseignante-tutrice pour le CNED), chercheure au sein de deux équipes de recherche de l’UMR ACTE/CNRS (équipes Art & Flux et Fictions et inte­ractions) et chercheure associée à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (programme de recherche Espace Numérique-Extension de la Réalité/Spatial Media).

http://www.institut-acte.cnrs.fr/art-flux/


Tables rondes
dans le cadre de l'exposition « Société de service ».

À l'instar de Caroline Delieutraz collectant de nombreux « matériaux » issus d'internet, de Benjamin Gaulon, artiste « hacktiviste » ou de Yann Toma se réappropriant les câbles Wikileaks, l'exposition « Société de service » rassemble des artistes détournant les outils d'Internet en vue de remettre en question leurs usages et leurs conséquences dans la société contemporaine.
Réunissant artistes et chercheurs, cette table-ronde consistera à présenter le travail des artistes tout en débâtant autour la notion de « critique artiste » : en quoi ces pratiques réinterrogent-elles - mettent-elles « en crise » -, les outils dont nous nous servons quotidiennement ? Quelles sont les limites de ces technologies ? Comment pouvons-nous nous les réapproprier à des fins plus militantes et citoyennes ?

Volet 1 : « Art, numérique et société »,
à Sciences Po, le 5 avril de 19h à 21h.

Modératrice : Aurélie Herbet (équipe de recherche Art&Flux - Institut ACTE/Paris 1 Panthéon Sorbonne/CNRS)

Invités :

- Yann Toma
- Caroline Delieutraz
- Dominique Moulon

Volet 2 : « Démarche politique et activiste : la critique artiste à l'ère du numérique »,
à la Paris 1 Panthéon Sorbonne, amphithéâtre Bachelard, le 8 avril de 19h à 21h.
Avec le soutien de l'équipe de recherche Art&Flux - «Art, Diplomatie, Innovation» (ACTE/CNRS).

- Modératrice : Aurélie Herbet (équipe de recherche Art&Flux - Institut ACTE/Paris 1 Panthéon Sorbonne/CNRS)

Invités :

- Yann Toma
- Benjamin Gaulon



 

 

Émilie Brout & Maxime Marion

eb-mm.net/fr

Nakamoto (The Proof), 2014.

 
  Émilie Brout & Maxime Marion
   
 

Nakamoto (The Proof), 2014.
(Scan de passeport, fichier numérique .jpg, 2506 x 3430 px, impression sur feuille A4 transparente, feuille électro-luminescente)

Nakamoto est le créateur du Bitcoin, système de paiement révolutionnaire permettant d’effectuer des transactions en ligne de manière anonyme et infalsifiable. Cette monnaie virtuelle est largement employée sur les darknets, réseaux garantissant l’anonymat à la réputation sulfureuse, notamment du fait des activités cybercriminelles qu’ils facilitent (commerce de stupéfiants, faux-papiers, etc.). Dès son premier message public et jusqu’à sa disparition le 12 décembre 2010, Nakamoto a tout mis en œuvre afin de préserver son identité. Non localisable de par ses adresses IP toujours différentes, ses messages sont publiés à des heures aléatoires et écrits dans un Anglais ne permettant pas de déterminer sa nationalité. Ayant créé les premiers bitcoins, on lui prête une fortune estimée à plusieurs centaines de millions d’Euros. L’importance de sa création et le mystère parfaitement maîtrisé autour de sa personne ont aujourd’hui fait de lui un véritable mythe contemporain, alimentant un nombre toujours croissant de rumeurs et de fantasmes.
Le scan du passeport de Satoshi Nakamoto présenté au sein de l'exposition, payé en bitcoins à des faussaires sur le darknet, est la seule preuve existante de son existence.

eb-mm.net/fr/projects/nakamoto-the-proof

 

 
   
 

Caroline Delieutraz

delieutraz.net

Google Marque-pages, 2011-2012.

   
  Caroline Delieutraz
   
 

Google Marque-pages, 2011-2012.
Intervention dans l’espace public, marque-pages, site Internet, nom de domaine (www.gmarquepages.com ),
tutoriel vidéo.

Google Marque-pages est une action de culture jamming. Comme il y a Google Documents, Google Agenda, Google Maps, Google AdWords, il y a maintenant Google Marque-pages.
Le projet Google Marque-pages a consisté à introduire dans des livres précis, dans les bibliothèques publiques (BNF, BPI...), des marque-pages sur lesquels figurent des annonces Google.
À l’image des annonces qui apparaissent sur le moteur de recherche et dans nos courriels, les annonces des marque-pages sont contextuelles, elles correspondent aux thèmes abordés dans le livre. Il se crée alors des contresens et des recoupements inattendus et entre le livre et ses annonces.

delieutraz.net/google-marque-pages

 

 
   
 

Pascal Dombis

dombis.com

SpamScape, 2012.

   
  Pascal Dombis
   
 

SpamScape, 2012.
(2 panneaux de 110 x 220 cm)

SpamScape fonctionne sur la prolifération de mots communément utilisés dans les spams des courriers électroniques. Les spams sont ces messages, publicitaires, non sollicités et envoyés en masse via les messageries électroniques. Leur nombre est considérable et ils représenteraient 80 % des communications électroniques. Un spam est envoyé en moyenne à un million de destinataires. Le principal intérêt de Pascal Dombis pour ces messages est qu’ils sont envoyés par des machines qui essayent de se faire passer pour des humains de manière à tromper d’autres machines et à contourner les filtres anti spams. De manière à paraitre authentiquement « humain », les spams contiennent toutes sortes de ruses comme l’inclusion d’images, de textes aléatoires, la combinaison de minuscules et majuscules, la permutation de lettres ou l’emploi de signes graphiquement similaires, de manière à faire croire qu’ils proviennent d’individus. Et ces techniques graphiques rejoignent celles des avant gardes historiques et de l’écriture expérimentale : depuis les pièces de Marcel Duchamp ou Alfred Jarry aux travaux lettristes en passant par le Cut-Up de Burroughs et Gysin… Ainsi, Pascal Dombis voit dans les spams qu’il collecte quotidiennement une métaphore des rapports entre homme et machine. Et ce thème récurrent dans la cyberculture depuis Charles Babbage et Alan Turing est ici utilisé pour des messages publicitaires et d’arnaques pour des faux stimulants sexuels ou des contrefaçons de montres… Et c’est cette multiplicité de sens - intelligence artificielle, technique des avant-gardes mais aussi basses de l’âme humaine - que Pascal Dombis cherche à faire apparaître avec SpamScape.

dombis.com/works/spamscape

 

 
     
 

Benjamin Gaulon & Martial Geoffre-Rouland

recyclism.com & screen-club.com

Corrupt.Yourself, 2013.

   
  Benjamin Gaulon & Martial Geoffre-Rouland
     
 

Corrupt.Yourself, 2013.
(séquence vidéo)

Corrupt.yourself est une séquence vidéo rassemblant tout les enregistrements glitchés des webcams des utilisateurs de uglitch.com depuis 2011. Il s’agit d’un projet réalisé par Martial Geoffre-Rouland et Benjamin Gaulon qui s’articule autour de l’usage de Corrupt, une application artistique en ligne autorisant son utilisateur à transférer et partager ses images sur corrupt.recyclism.com. Corrupt et Corrupt.video utilisent un même algorithme qui consiste à altérer le code binaire des données originelles. Et c’est parce que les données sont altérées à un niveau binaire, que les résultats sont imprévisibles.

recyclism.com/corruptyourself.php

 

 
     
 

Carine Klonowski

carineklonowski.net

Un jour sans fin, 2015.
Capture - 2015-09-27 à 18.13.38
Réalisé avec Robin Cousin

     
  Carine Klonowski
   
 

Un jour sans fin, 2015.
(URL, tirages photo-argentiques sur dibond, dimensions variables)

Un jour sans fin utilise Google Ngram Viewer, outil de statistique en ligne visant à évaluer et comparer la récurrence de mots dans les ouvrages scannés par Google Books. Ici, l'intervention consiste simplement en une recherche de mots : "sun" et "horizon". Les paramètres de recherche - période historique, corpus de recherche, etc. - restent par défaut. Les courbes résultant de la recherche produisent une image paysagère, minimale mais cependant archétypale : un horizon, une chaîne de montage, tout autant qu'un récit, dont le seul évènement est l'absence du coucher du soleil. Jouant de cette dimension temporelle, l'œuvre est vouée à rester perpétuellement en cours. En effet, le nombre d'ouvrages intégrés à Google Books est en constante évolution. Ainsi, une nouvelle capture d'écran est réalisée et imprimée à l'occasion de chaque exposition.

carineklonowski.net/unjoursansfin

 

 

 
   
 

Nicolas Maigret

peripheriques.free.fr/

War Zone, 2014.

   
  Nicolas Maigret
   
 

War Zone, 2014.
(Séquence vidéo multi chanel)

Reproduction de trajectoires de missiles historiques dans Google Earth.
War Zone explore l’héritage militaire ancré dans les technologies d’usage courant.
Dans cette série de vidéos, l’artiste reconstitue en vision subjective trois trajectoires de missiles dans le logiciel Google Earth, à partir de données historiques. Ce projet s’applique à hanter les technologies contemporaines en y introduisant les indices de leurs origines militaires. Ici en convoquant l’historique du missile, ancêtre du programme spatial et des mises en orbite de satellites dont nous utilisons quotidiennement les clichés, données et cartographies.
« Nous suivons alors les trajectoires d’un missile V2, développé par les nazis et tiré de la Hollande vers l’Angleterre en 1945, un Scud tiré du Koweït vers l’Arabie Saoudite pendant la guerre du golfe et, enfin, un missile air sol tiré d’Israël vers Gaza en 2014. En train de chevaucher notre missile à la manière d’un Docteur Folamour, on observe pensif l’évolution de ces instruments de mort, de la précision médiocre des V2 aux frappes chirurgicales d’Israël, la nation qui compte le plus grand nombre de start-up, notamment dans la cyber-défense, et où l’armée est le principal creuset de l’innovation ». (Marie Lechner)
Ce travail se base sur des données collectées dans des archives, interviews, blogs, et faits historiques. 

peripheriques.free.fr/warzone

 

 
   
 

Yann Toma

www.ouest-lumiere.org

Les câbles litigieux Ouest-Lumière,
pneumatiques, papier, techniques mixtes, 2011

   
  Yann Toma
   
 

Les câbles litigieux Ouest-Lumière,
pneumatiques, papier, techniques mixtes, 2011

Cette œuvre, empreinte d'humour et d'ironie, est l'occasion pour le spectateur de questionner l'acte de Julian Assange, responsable de la plateforme internet Wikileaks. À travers cette référence universelle, l'artiste convoque la notion de liberté d'expression, de surveillance et de mobilisation de l'énergie corporelle via internet. Située sur un plan fictionnel, cette oeuvre entend donner suite à la parution supposée de câbles diplomatiques litigieux concernant les activités supposées de la compagnie Ouest-Lumière de 1969 à 2010 sur le site controversé Wikileaks. Ici, au travers de ce processus de transparence improbable, le Président à vie de Ouest-Lumière demande à chacun de ses actionnaires de lui fournir les câbles de l'activité de sa compagnie pour vérification. Certains de ces centaines de milliers de câbles pneumatiques sont ainsi exposés au public dès 2011 pendant une période de plus d'un mois. Même si nous sommes en face d'une formulation poétique, Ouest-Lumière provoque l'histoire instituée et les effets de son action sur la seconde moitié du XXème siècle.

ouestlumiere.fr/œuvres-works/objects-products/sculptures-wikileaks